Dieu a révélé à une religieuse allemande,
Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), les
secrets de sa création.
Visionnaire depuis sa petite enfance, Hildegarde, devenue religieuse,
dut obéir en 1141 à l'injonction d’une voix puissante
venant du ciel : «Ecris ce que tu vois et ce que tu entends.».
Elle sera ainsi l'auteur d'une œuvre immense et variée, directement
inspirée par ses visions. Elle a été reconnue comme
une conscience de l'Europe entière. Trois papes successifs ont
écouté ses conseils inspirés, ainsi que l'empereur
d’Allemagne Frédéric Barberousse, le roi d'Angleterre
Henri II...
«Voilà comment Dieu guérit»
A partir de 1151, Dieu révéla à sœur Hildegarde,
devenue Mère Abbesse à Bingen en Allemagne, une médecine
à la portée de tout le monde.
Ses conseils, en particulier pour la santé, eurent un grand retentissement
au 12e -13e siècle, puis sont tombés dans l’oubli,
sauf pour la consommation régulière
de l’épeautre.
En effet, l’épeautre qui contient les 8
acides aminés essentiels et riche en calcium, phosphore et magnésium,
est, d’après Hildegarde, une céréale
réchauffante et purifiante pour l’homme et... lui donne la
joie... Elle a été largement remplacée
par le blé, plus rentable, mais sans comparaison nutritive.
Pour ce qui est de la médecine pure, écrivait en 1950 le
Dr allemand Gottfried Hertzka
dans son livre «Voilà comment Dieu
guérit», personne n'en
avait pris sérieusement connaissance. C’est à se de-mander
si le Bon Dieu n’a pas donné à l'humanité un
traité complet de médecine
par l'entremise d'une simple créature - qui de plus, ne connaissait
strictement rien au domaine médical - pour confondre nos scientifiques
et surtout nos «scientistes» actuels ?
Hildegarde n'a jamais eu d'extases (comme ceux que l’on appelle
«voyants» dans les apparitions catholiques actuelles). Elle
raconte qu’elle entendait régulièrement la voix qui
l’enseignait et avait devant les yeux, dans un état pleinement
éveillé, les images de ce qui l’entourait et les images
qu’elle devait transcrire, sans jamais tomber en extase ou en état
de demi-sommeil. Elle décrit le phénomène : «…Quelque
chose comme un nuage lumineux, dans lequel je vois des images et j'entends
des mots que j’écrivais ou dictais... presque sans arrêt
entre les temps de prières avec mes sœurs et de mon sommeil
très court».
30 années de visions
Ainsi, son grand livre Scivias, le livre des subtilités
des créatures divines, couvre 10 années de visions
(1141-1151). La deuxième période des révélations
dure sept ans (1151-1158). Durant ce temps, Hildegarde compose son livre
de médecine (2 volumes), un recueil de lettres, un livre de commentaires
de l'Evangile et un livre de chants. Puis, pendant cinq années
(1158-1163), elle rédige le livre Vita meritorum, sorte de traité
de psychothérapie. "L'homme, œuvre de Dieu", lui
fut montré durant les années 1163-1171.
Et enfin, une autobiographie - probablement le seul livre personnel d'Hildegarde
basé sur ses souvenirs et sa vie et non à partir de ses
visions - n'est malheureusement conservé qu'en fragments ; il fut
peut-être écrit en 1179, année où elle mourut.
Hildegarde nota tous les détails avec une précision presque
mathématique dans chacun de ses livres comme si elle avait su que
les historiens de notre temps voudraient tout savoir avec exactitude.
Jamais avant 1151 et après 1158, elle s'est occupée de médecine.
Elle n’a rien écrit à partir de ses connaissances
et, la médecine, n’était pas sa préoccupation.
Seul Dieu et «l’homme total» l’intéressaient.
«L'homme, œuvre de Dieu», est une
description minutieuse de tous les processus métaboliques à
l'intérieur de l'homme, ceci pour fournir une analogie avec l'âme,
pour expliquer et faire comprendre cette chose prodigieuse que nous appelons
«âme».
Hildegarde nous donne cette vision de «l'homme total» (corps
âme et esprit), en nous conduisant aux sources de la santé.
Elle nous enseigne que nous ne pouvons vivre en pleine santé sans
retrouver notre unité intérieure. Cette vision de la santé
nous conduit donc à considérer l'être humain sous
trois aspects : physique, psychique et spirituel.
Le fondement de la médecine de notre abbesse est d'aller toucher
ce qui conditionne notre tristesse et notre joie. La santé n'est
pas, pour Hildegarde, une absence de maladie, mais une
surabondance de vie, une fontaine de Jouvence, l'aptitude
au bonheur.
Elle met un accent particulier sur notre relation entre la dimension spirituelle
de l'homme et sa santé. S'il viole les commandements divins, il
risque davantage la maladie ; s'il les respecte, il vit normalement dans
l'harmonie et la paix des justes : c'est l'aspect psycho-spirituel.
Mais le corps a également son mot à dire : s'il est encombré
de pollutions et d'impuretés diverses, il devient opaque et perturbe
toute la sphère psychologique, affective ou spirituelle. Cette
influence est nette pour la mélancolie qui naît de la bile
noire et induit la colère, la négativité, la violence
et autres comportements.
A ce propos, sainte Hildegarde nous raconte qu'avant le péché
originel, nos premiers parents bénéficiaient
naturellement d'une pureté innocente totale de corps et d’âme.
De ce fait, ils ne connaissaient ni la maladie ni la mort. Cependant,
le «Serpent» enflamma leur désir sensuel et provoqua
en eux la dualité du bien et du mal. Cette rupture avec l'innocence
originelle, avec l'intimité divine, les conduisit à connaître
la souffrance et la mort. Que s'est-il donc passé sur le plan physiologique
? La bile, qui auparavant était comme un cristal étincelant,
vira et devint noire, entraînant des désordres organiques
si profonds que la maladie apparut ainsi que la mort, à cause de
cette viciation des humeurs.
Sainte Hildegarde a compris en vision que la physiologie de tout le cosmos
fut aussi ébranlée : des bêtes venimeuses apparurent,
dont les sécrétions délicieuses comme du nectar,
devinrent des poisons violents, la discorde se répandit dans tous
les règnes qui se mirent à s'entre-dévorer... Bref,
ce fut un cataclysme d'une portée incalculable dont nous héritons
à notre naissance des conséquences les plus fâcheuses.
Avec l'incarnation du Verbe de Dieu et le sacrifice
Rédempteur, la voie vers l'union divine est à nouveau ouverte.
Hildegarde nous révèle ce que le Ciel nous propose pour
éliminer ces miasmes congénitaux et recouvrer, sinon l'Eden
originel, du moins la santé, au niveau physique, psychique et spirituel.
En tenant compte de ces trois plans -corps, esprit et âme - dans
l’union totale avec notre Créateur, nous reprenons notre
place dans la Création réunifiée à la source
entre ciel et terre. Notre santé peut alors s'épanouir comme
une fleur au soleil et rayonner son trésor le plus précieux
: la joie.
Son œuvre scientifique, disions-nous, a été divisée
en deux volumes : le premier "causae et curae", traite des causes
et des traitements des maladies ; le second, intitulé "Physica",
se préoccupe de l'être intérieur des différentes
natures de la création. Neuf livres sont consacrés respectivement
aux plantes, aux éléments, aux arbres, aux pierres, aux
poissons, aux oiseaux, aux animaux, aux reptiles, enfin à l'origine
des métaux.
La plus grande partie de son œuvre concerne ce-pendant un tryptique
grandiose et visionnaire inspiré; le premier se nomme "Scivias"
(Connais les voies du Seigneur), et comporte trois parties
: le Créateur et sa création, le Messie et l'Eglise, l'histoire
du salut. Le second, "Liber vitae meritorum" (Le Livre
des mérites), décrit au cours de six visions successives
l'affrontement des vertus et des vices sous le regard de Dieu lui-même.
Le troisième ouvrage, le "Livre des œuvres divines"
(l'opération de Dieu), est une véritable
théologie du cosmos. Tous ces textes sont conservés
dans de magnifiques manuscrits enluminés, dispersés dans
toute l'Europe. Notre sainte n'écrivit, en effet, rien d'elle-même
qui ne lui fût dicté "d'en haut"; excellente et
obéissante secrétaire, elle nous a transmis fidèlement
ce que le ciel lui révélait.
En premier lieu, Hildegarde nous en-seigne que l'on ne peut comprendre
notre humanité dans toute sa dimension sans la situer avec justesse
dans ses sources, qui vont de la Création à la chute, de
l'incarnation à la Rédemption. En nous faisant ainsi connaître
nos origines, Dieu nous donne les moyens
pour nous re-créer à Son image et à Sa ressemblance.
Pour cela, la vie intérieure avec Dieu est à la base de
tout. En effet, si la vie spirituelle de l'homme s'étiole, les
réalités divines sont obscurcies, au point qu'il en arrive
à perdre un sens aussi naturel que la foi en un Créateur.
Sa conscience devient si enténébrée qu'un voile opaque
l'empêche de voir ou du moins de pressentir les profondeurs de l'être
où jaillit la source d'eau vive, les courants limpides de la vie
divine.
L’homme est grand par l’âme
En Occident, la prédominance des doctrines matérialistes
contribue à le couper de ses racines et l'entraîne sur la
pente du doute, dans une vue superficielle des choses, sous l'emprise
de passions incontrôlées. Notre manière de concevoir
la vie, notre sens des valeurs, l'orientation de nos désirs et
une alimentation adaptée sont déterminants. On a trop souvent
négligé cette interdépendance essentielle entre l'esprit
et le corps, ce qui a contribué à démanteler l'intégrité
de la personne humaine dans sa structure trinitaire, privilégiant
tel aspect plutôt que tel autre.
Pour Hildegarde, il est vital de s'occuper harmonieusement de tous ses
aspects : non seulement le corps doit être
nourri correctement, mais l'âme doit aussi recevoir la nourriture
dont elle a besoin ; bref, l'homme est debout entre le ciel et
la terre et l'on ne peut le tronquer, ni dans ses pieds, ni dans sa tête,
au risque de le défigurer et de le mutiler gravement. Ce n'est
sans doute pas par hasard que nous nous tenons droits sur nos jambes,
stature réservée à l'homme, qui ne marche pas (longtemps)
à quatre pattes mais se redresse bientôt pour se tenir en
équilibre.
L'homme a plus de puissance que les autres créatures. S'il est
petit de stature, il est grand de par l'âme. Cela lui donne une
énorme responsabilité sur la manière dont il doit
prendre soin du patrimoine précieux qui lui est confié.
Il n'en est pas le propriétaire mais le gérant.
Il serait superficiel d'en-visager la santé sur le seul plan corporel
; le corps étant mortel, cette sorte de santé serait tôt
ou tard vouée à l'échec.
Hildegarde nous convie donc à l'envisager
aussi sur le plan de l'âme, qui est le noyau de notre existence
et qui est immortelle.
La santé rejoint la sainteté
C'est ainsi que la santé rejoint la sainteté,
qui n'est rien d'autre que la santé de l'âme. De même
que le corps qui ingère de mauvaises nourritures est pollué
et finit par tomber malade, de même l'âme qui se perd dans
les vices, sombre dans l'avilissement et la maladie ; elle ne voit plus
que la terre, perd sa lumière et, coupée de Dieu, elle est
emplie de tristesse et d'angoisse et vit déjà un enfer.
Il n'est pas possible de vivre dans les voies justes sans disposer d'une
"monture" appropriée comme un cavalier ne pouvait voyager
loin sans un cheval vigoureux. C'est pourquoi notre
sainte, préoccupée en premier de la santé de l'âme,
nous parle, au nom du ciel, des moyens de maintenir notre corps en bon
état.
La prévention à la première
place
Bien qu'elle nous indique ses nombreux remèdes pour nous soigner,
elle met à la première place
la prévention, qui repose principalement sur une
alimentation correcte avec des aliments purs. Ces
aliments sont non seulement source de santé et de vitalité
pour le corps, mais aussi source de jouvence pour l'âme qui vit
alors dans la sérénité et la joie.
A l’inverse des systèmes diététiques proposés
sur le marché, Hildegarde ne fait pas référence aux
tables de calories ni aux vitamines, poids, me-sures... Ils n'ont aucun
droit de cité dans l'univers de notre sainte ! Elle nous enseigne
une diététique originale que l'esprit de l'homme n'aurait
sans doute pu découvrir, même après des siècles
de recherche scientifi-que... En effet, rien de très rationnel
dans ce qui est proposé, mais efficace et sans violence pour l'organisme.
Certains aliments ont la propriété de produire cette fameuse
"bile noire" provoquant tristesse, dépression, mal de
vivre. D'autres aliments, au contraire, rendent
joyeux et favorisent le travail intellectuel et la clarté d'esprit.
Si l'on juge l'arbre à ses fruits, nous sommes obligés de
constater les fruits de son enseignement. Sainte Hildegarde nous offre
des recettes et des remèdes qui sont fiables et dépourvus
de toxicité. En cela, elle se place parmi les plus grands savants,
tout en nous offrant la sagesse de guérir
sans meurtrir !
L’homme est terrestre et céleste
Cependant, sa perspective dépasse largement le cadre scientifique,
car elle ne se contente pas de donner des aliments et des remèdes
éprouvés ; elle nous invite à redécouvrir
notre véritable richesse, notre dignité humaine, dans sa
dimension trinitaire corps, esprit, âme. La nourriture qu'elle nous
propose ne s'arrête pas à de seules considérations
matérielles : physiques, biochimiques ou biologiques ; elle nourrit
les plans les plus intérieurs de notre personne, précisément
là où nous touchons à l'âme, "étincelle
divine". Elle affirme que l'homme est terrestre de par sa chair,
céleste de par son âme.
Notre vie est une, et ne saurait souffrir d'être morcelée
ou divisée : notre corps n'est-il pas le temple de notre esprit
? Non seulement il est la demeure de notre âme, mais encore son
instrument ; celle-ci l'habite dans une telle intimité qu'elle
est la vie de sa vie ! L'âme nous communique le mouvement et la
vie... Elle nous nourrit et nous abreuve intérieurement pour la
restauration de notre corps. Elle développe et affermit nos différentes
fonctions corporelles, les agence, les ordonne, et remplit les viscères
de sa force. Autant dire qu'il est tout à fait impossible et artificiel
de séparer ce qui a été intimement uni dès
la naissance.
Les aliments de la joie
En consommant surtout les aliments et les plantes de la joie tels l’épeautre,
le fenouil, les châtaignes... il est possible de nous transformer,
dans notre fonctionnement organique, tissulaire et cellulaire. La santé
totale (corps, âme et esprit), d'un grand consommateur de charcuterie,
steak-frites assaisonné de moutarde et de fromages fermentés
n'aura rien à voir avec la vitalité rayonnante de ceux qui
se nourrissent d'épeautre, de fenouil et de légumes conseillées
par Hildegarde. Non seulement les réactions physiologiques seront
très différentes, encrassant l'organisme dans le premier
cas et laissant notre homme paisible dans le second. La consommation abusive
de viandes et de graisses produit non seulement du mauvais cholestérol,
de l'acide urique et des substances impures conduisant aux maladies chroniques
graves, mais sape aussi la joie de vivre, induisant un comportement agressif
ou plein de langueur, d'inertie, de tristesse...
Les pensées
Sainte Hildegarde nous explique aussi l'influence subtile de nos pensées
sur notre santé: alors que des pensées
pacifiées maintiennent les humeurs en équilibre,
les pensées mauvaises déclenchent des viciations humorales
et génèrent de la bile noire. L'âme demeure dans le
cœur et laisse entrer et sortir les pensées diverses, des
sucs mauvais sont suscités et les envoient jusqu'au cerveau...
Par exemple, lorsque l'on a un fort sentiment de
jalousie, les vaisseaux se contractent et le cerveau ainsi excité
contracte les poumons qui gênent la respiration et la circulation
sanguine...
Quand les mauvaises humeurs ont dépassé la mesure dans les
intestins et la rate elles retournent à la bile noire et se mélangent
avec elle. Et, mise en mouvement par ce mélange, la bile noire
monte avec les humeurs vers le cœur et le fatigue par de nombreux
tourments qui se manifestent. Autrement dit, les
pensées ou émotions négatives sont elle-mêmes
une agression, un stress, elles ressemblent à un poison qui nous
envahit, perturbe nos métabolismes et peuvent engendrer des maladies.
Certains médecins ont montré la corrélation qui existe
entre des conflits intérieurs (peur, angoisse...) et la naissance
d'un cancer parfois foudroyant. Il est donc nécessaire de tout
faire pour empêcher les mauvaises pensées d'éclore
dans notre cœur, car elles risquent d'entraîner de graves perturbations
à tous les niveaux. Par contre, les pensées
basées sur la foi, l'espérance, la compassion, la joie,
sont une prévention solide et construisent
harmonieusement et durablement les personnes.
Elle nous introduit ici tout droit dans le combat spirituel, où
notre liberté intervient pour choisir le temporel ou l'éternel,
le fini ou l'infini, le plaisir sensible ou la félicité
des profondeurs... Les forces des ténèbres nous poussent
sans cesse dans le filet des attachements, alors que l'appel divin nous
invite à nous élever vers la Lumière.
L'homme charnel
Notre corps est la résidence du sensible, où arrivent par
les cinq sens le monde extérieur ; il est le siège des sensations,
du plaisir et du déplaisir, des passions, de l'instinct, des émotions
(peur, fantasmes, imaginaire). C'est le lieu de l'inconscient, des besoins
plus ou moins bien connus, avec ses blessures, ses frustrations... L'accumulation
de bile noire nous alourdit et nous enténèbre nous plaçant
sous la tyrannie des sens : ceux qui s'adonnent à des excès
d'alcool, de mets lourds et toxiques, souffrent d'un éveil ou réveil
de leurs passions, qui risquent de se déchaîner : violence,
pulsions déréglées, cauchemars, agressivité,
tristesse, tendances suicidaires, mélancolie ; c'est dans ce jardin
que poussent les fleurs du mal qui exercent parfois une fascination morbide
et suicidaires. La tempérance dans le boire et le manger, le jeûne
régulier, permet de s'affranchir de cette emprise et de libérer
l'âme de ses entraves.
Hildegarde ne nous pousse pas pour autant à des mortifications
exagérées tant elle est attentive à la
voie du juste milieu. Elle nous encourage à un
mode de vie équilibré, fondé sur une maîtrise
des puissances corporelles, qui doivent s'épanouir dans le service
et non se pervertir dans la tyrannie. C'est ainsi
qu'une alimentation saine dans un environnement adéquat, associée
avec l’oraison, le chant, la mar-che, l'équilibre dans la
satisfaction des besoins, permettent au corps de se faire oublier. Celui-ci
peut ainsi assister l'âme dans son ascension vers les sommets.
La foi
La foi nous préserve de beaucoup de soucis,
d'angoisses et de peurs. Grâce à l'espérance,
nous affrontons l'avenir avec confiance et nous accueillons avec sérénité
les événements heureux et malheureux, tout en louant Dieu
pour tout ce qui arrive. Nous devons - quoiqu'il arrive - être toujours
joyeux,
confiants dans l'avenir et dans la miséricorde du Seigneur. Cette
attitude intérieure nous évite les maladies liées
à la tristesse : dépressions, insomnies, cauchemars: nous
pouvons dormir du sommeil du juste. La pratique de la charité et
des bonnes œuvres nous place au cœur du plan d'amour du Seigneur.
En choisissant d'œuvrer pour le Royaume, nous
faisons de notre corps un instrument docile aux motions de l'Esprit. Au
lieu de constituer un obstacle au passage de la grâce, source d'afflictions
diverses et de maladies sclérosantes, il contribue ainsi à
"parachever la gloire de Dieu."
Guérir spirituellement
Hildegarde attache beaucoup d'importance à une bonne santé
spirituelle. Ainsi, les blessures profondément
enfouies sont démasquées, guéries par l'Amour dont
le toucher délicat cicatrise toute plaie et réconcilie l'homme
avec son cœur. L'âme, par l'action de l'Esprit-Saint et la
grâce maternelle de Marie, se répand à travers le
corps comme le souffle des vents pénètre le firmament tout
entier. Et, comme le vent pousse les nuages pour laisser place
au soleil, l'âme nous pousse à aimer Dieu avec la plus grande
ardeur, à pratiquer les vertus très saintes, à recevoir
les paroles que le Seigneur lui donne. Notre abbesse nous prévient
de l'effet pernicieux et tyrannique d'un goût excessif des choses
de la chair, en langage moderne, de l'emprise
des passions.
Mais comment brimer ces penchants de la nature sans créer des frustrations
insupportables et mutilantes ?
Si nous nous tournons vers les hauteurs, ce qui est plus bas cesse de
nous fasciner, comme en présence du soleil la bougie perd de son
éclat. Avec la Présence divine dans nos cœurs, renoncer
aux choses temporelles ne crée pas une frustration, mais de s'y
confiner, comme pour celui qui choisit de s'enfermer dans une pièce
obscure lorsqu'un soleil éclatant brille à l'extérieur.
La voie correcte consiste donc à allumer dans nos cœurs l'amour
des choses divines ; les objets des sens cessent alors de nous fasciner.
Nous découvrons ainsi la vraie liberté.
En conclusion,
Hildegarde nous amène à redécouvrir notre
conformité avec le Seigneur qui nous a donné la vie.
Pour cela il nous faut nous reprendre en mains,
réorienter notre alimentation, même si quelques sacrifices
sont nécessaires, comme de jeûner de temps en temps, réduire
(ou supprimer) des temps de télévision pour le consacrer
à la prière ou à l'oraison... Ainsi, nous
redécouvrirons avec émerveillement une sérénité
inaltérable dans les difficultés, l'harmonie et la paix
avec nous-mêmes, avec notre environnement, avec Dieu. Comme des
enfants, nous pourrons vivre l'éternel présent, nous réjouissant
de la beauté de la création ; oui, notre amie nous invite
rien moins qu'à une nouvelle naissance
!
Par-dessus tout, notre sainte nous replace dans
le plan d'amour du Seigneur qui nous appelle toujours davantage à
le rejoindre dans son Royaume. Que ce nouveau regard nous aide
à considérer la création non comme un ensemble d'objets
à acquérir mais comme un jardin fleuri où nous sommes
invités à marcher et à chanter avec le gazouillis
des sources... Dès lors, notre santé ne peut plus être
un privilège isolé qui ferait injure aux malades, elle devient
rayonnante, car elle prend sa source dans le jardin embaumé de
la vie divine. Cette santé n'est pas arrogante, elle n'écrase
personne ni ne se complaît en elle-même. Elle s'épanouit
en donnant toujours davantage. Elle grandit en se dépensant. Elle
est le cadeau du Ciel proposé par Dieu à sainte Hildegarde.
Puissions-nous être éclairés nous aussi par cette
lumière qu'elle reçut en abondance ! Prions sainte Hildegarde
de nous guider sur le chemin de sainteté afin que nous préparions
"un petit ciel sur la terre"pour nous et nos frères.
Chants, hymnes et séquences
Pour Hildegarde, la musique est la forme la plus élevée
de toute activité hu-maine, miroir de l'harmonie des sphè-res
et des chœurs angéliques. "L'âme est symphonique,
(Scrivias) ; de même que la parole désigne le corps, la symphonie
manifeste l'esprit, car l'harmonie céleste annonce la Divinité
et la parole annonce l'humanité du Fils."
Elle compose durant sa vie 77 symphonies, pièces musicales écrites
sur ses propres poèmes religieux et destinées à être
chantées lors des cérémonies du couvent. Elle a aussi
composé un drame liturgique intitulé Ordo virtutum, qui
comporte 82 mélodies et qui met en scène les tiraillements
de l'âme entre le démon et les vertus.
Ces éléments apporte un sens nouveau de la vocalité
et fait de ses œuvres de véritables visions en musique. Les
motifs, jamais figés, élèvent l'auditeur par leur
fluidité et leur force.
Guérison et guérir...
A côté de ce travail intellectuel et religieux, Hildegarde
recevait tous ceux qui venaient la voir. Sa notoriété dépassait
les frontières. De partout les visiteurs arrivaient à pied
ou à cheval, un peu pour écouter ses prédications
ou recevoir ses conseils et beaucoup pour être guéris. La
liste des miracles s'allongeaient jour après jour. Les témoignages
se propageaient...
C'est l'histoire de Berthe, une servante, qu'une
tumeur au cou empêche de manger : Hildegarde fait un signe de croix
sur la grosseur qui disparaît aussitôt.
C'est l'histoire d'une jeune mère et de son enfant aveugle, sur
le même bateau qu'Hildegarde : la religieuse trempe la main dans
le fleuve et bénit l'enfant en lui versant de l'eau sur les yeux
; alors, l'enfant voit.
C'est aussi tous ces récits de miracles à distance : un
infirme prie pour qu'Hildegarde l'aide et il la voit en vision qui s'approche
de lui, impose les mains et le remet sur pieds.
Mais Hildegarde n'use pas de ses pouvoirs surnaturels dans tous les cas
de figure : la prière, les conseils de modération, les soins
par les plantes ou les minéraux sont autant d'armes pour éloigner
le mal et la maladie. Elle était devenue un puits de science conservant
le souvenir de tous ses écrits.
Hildegarde meurt le jour qu'elle avait prédit : le 17 septembre
1179, entourée des religieuses de son couvent. L'assistance attristée
est témoin d'un nouveau prodige : le ciel
est illuminé par deux arcs-en-ciel, venus des quatre coins de l'horizon,
forment une croix au-dessus du monastère. La croix lumineuse et
colorée se redresse, grandit, jusqu'à emplir tout le ciel.
Ceux qui assistent à cet étonnant phénomène
ne sont pas surpris : pour eux, le ciel ne peut que rendre hommage à
la sainte qui s’est donnée jusqu’à son épuisement
complet.
Après sa mort, c’est le défilé dans le cimetière...
Les malades semblent tous repartir guéris... Jusqu’au moment
où les plaintes de ceux qui avaient leurs défunts dans le
même cimetière, mécontants des tombes piétinées,
amènent l’évêque à interdire à
Mère Hildegarde de continuer ainsi de faire des miracles... En
bonne religieuse, elle obéit aussitôt !...
Hildegarde fut parmi les premiers saints pour lesquels une procédure
officielle de canonisation fut mise en route sans être menée
à son terme.Ceci en raison de l’étendue de ses charismes.
Cependant, elle fut très vite qualifiée de sainte par le
peuple, et à la fin du XVIe siècle, son nom fut inscrit
au martyrologe romain sans autre formalité, avec le titre de sainte.
Le prénom d’Hildegarde est, et continue d’être
beaucoup donné en Allemagne et en Autriche, où ses écrits
sont très répandus.
La châsse contenant les reliques d'Hildegarde
est conservée dans le monastère d'Eibingen près de
Rüdesheim (sur le Rhin). Elle est toujours beaucoup visitée.
A l’occasion du 800ème anniversaire de la mort d’Hildegarde,
le Pape Jean Paul II lui a composé un hymne intitulé «la
grande bénédictine». En peu de mots, il la situe comme
une sainte d’une richesse exceptionnelle.
L’évêque du diocèse d’Eibingen a, paraît-il,
demandé à Sainte Hildegarde de voir avec le Bon Dieu s’il
ne lui serait pas bientôt possible de reprendre les guérisons...
Il lui promet en échange une canonisation solennelle...! |